07- Jacques-Geoffroy Leprince d'Amigné, 1767
Jacques-Geoffroy Leprince d’Amigné
1767
par Benoît Hubert
Fils de Jean Leprince, cirier, et de Marie Bouteiller, il naquit en 1713. Il ne prit pas l’état de son père mais celui de magistrat. Il occupa une charge de conseiller au Présidial du Mans de 1736 à 1768. Il céda sa charge à François Ménard de La Groye pour 7000 # et prit le titre de conseiller honoraire.
Il se révèle entretenir de très étroites relations familiales avec son frère Jean-Baptiste-Jacques (1710-1782) qui reprend la direction de la manufacture familiale de cires et bougies. Ses liens avec son neveu, Jean-Baptiste-Henri-Michel (futur Leprince d’Ardenay, quatre fois directeur du Bureau d’agriculture) sont ceux d’un oncle bienveillant et complice. Il ne fait aucun doute qu’il joua un rôle majeur dans l’intégration de Leprince d’Ardenay dans le Bureau d’agriculture en tant qu’associé.
« J’avois bien compté sur sa complaisance, je connoissais tout l’ascendant qu’il avoit sur l’esprit de son frère, et je ne pouvois douter de l’étendue de son amitié pour moy ; il m’en avoit donné maint fois des preuves convainquantes. En luy adressant mes sinceres remerciements, j’étois bien éloigné de penser que je serois bientôt privé des sages conseils et de l’intéressante société de ce parent chéri et si digne de l’être » (Mémoires de Leprince d’Ardenay, p. 141).
Il avait épousé le 23 septembre 1738 Anne-Jeanne Guesné, fille d’un magistrat et ancien maire de Bonnétable. Cette union ne vit survivre qu’une seule fille, Anne-Marie-Henriette, sur leurs huit enfants. Il mit en péril sa prospérité pour sortir son beau-père d’une situation financière difficile.
L’admiration de Leprince d’Ardenay pour son oncle est émouvante :
« Sa mort prompte et imprévue, jeta sa famille, ses amis, et pour ainsi dire, toute la ville, dans le plus grand deuil. Ce magistrat respectable et éclairé s’étoit concilié, dans son état et dans toutes les places auxquelles la confiance publique l’avoit porté, une estime et une consideration générales, par l’aménité de son caractere et la justesse de son esprit, par la bonté de son cœur et l’étendue de ses talens et de ses connoissances, enfin, par l’assemblage heureux des vertus qui caracterisent le vrai philosophe et le bon citoien. De tous les beaux traits de sa vie, je n’en citerai qu’un qui luy a fait un honneur infini : c’est le sacrifice volontaire et génereux qu’il fit d’une partie de sa fortune pour faire face au derangement des affaires de son beau père. D’un état d’aisance assés brillant, il passa, sans murmurer, a celuy d’une étroite mediocrité. Ainsi que les ombres relevent et font valoir les beautés des tableaux, de même le changement de position de ce vertueux citoien et l’héroïsme avec lequel il le soutint, firent briller, d’un nouvel éclat, ses rares qualités qui devinrent l’objet de l’admiration de ses compatriotes » (Mémoires de Leprince d’Ardenay, p. 141-142).
Président du Bureau en 1767, Leprince d’Amigné exerça aussi les fonctions d’échevin en 1767-1768 et d’administrateur de l’hôpital général. Il était entré au Bureau d’Agriculture en 1761 et faisait partie des fondateurs. Il avait été nommé correspondant pour le canton de Montfort [aujourd’hui le Gesnois] car sa « campagne », La Roche-Breslay, était située à Soulitré.
Depuis 1745, il résidait au Mans dans son hôtel rue Saint-Vincent [aujourd’hui rue Lionel Royer]. Au sein du Bureau, il fut chargé avec MM. de Blanchardon, Prudhomme de La Boussinière et Véron du Verger de faire des observations sur le projet du conseil en faveur des défrichements (le 16 juin 1761), dans le sillage des initiatives du marquis de Turbilly. Il s’intéressa aussi aux abus dans le labourage et ses compétences de magistrat l’amenèrent encore à se charger d’un projet de mémoire sur les dîmes ecclésiastiques en rapport avec les défrichements. Il suivit aussi de très près les expériences effectuées à Lyon avec le semoir de M. de Chateauvieux, dans l’espoir d’en tirer un riche enseignement en faveur de celles menées dans le Maine.
Il portait accolé à son patronyme le nom d’une belle terre, Amigné, située à Changé, venue des Leprince, qui échut aux Desportes de Linières et enfin aux Castilla.
Une maladie aussi soudaine que violente l’emporta en juillet 1778.
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