69- André Bouton, 1957
André Bouton
1957 à 1974
par Didier Béoutis
Issu d’une famille installée dans le Saosnois depuis le haut Moyen Âge, André-Eugène-Marie Bouton est né, le 30 novembre 1890, à Fresnay-sur-Sarthe, fils d’un entrepreneur de tannerie.
À la mort de son père, en 1903, il est recueilli par son grand-père au Mans, et fréquente le lycée de garçons, qu’il doit quitter en 1906, faute de moyens financiers.
André Bouton se tourne alors vers le notariat, devenant employé, puis clerc de notaire successivement à Blandy-lès-Tours (Seine-et-Marne), au Mans, à Saint-Pierre-sur-Orthe (Mayenne). Après son service militaire, effectué de mai 1911 à mai 1913, il devient clerc dans l’importante étude de Me Gustave Mazerat, au Mans, poste qu’il doit quitter, étant mobilisé le 1er août 1914.
Affecté aux 117ème, puis 404ème régiments d’infanterie, combattant sur le front de la Somme de novembre 1914 à juillet 1916, André Bouton y sera blessé à deux reprises, en décembre 1914 puis en juillet 1916. Affecté depuis lors à l’arrière, sur des postes d’observation anti-aériens près d’Alençon, il sera démobilisé en mars 1919. Durant toute la guerre, il rédigera des carnets de guerre dont il fera la synthèse sous la forme de « Mémoires de guerre », un document très révélateur sur le ressenti d’un soldat de base durant le premier conflit mondial.
Reçu à l’examen de notaire en janvier 1920, il achète l’étude notariale de Mamers à l’automne. Son client le plus célèbre sera Joseph Caillaux, à l’époque interdit de séjour dans les grandes villes, qui vivait replié à Mamers.
Marié en juin 1923 à Mlle Étiennette Bardet (1900-1992), fille de notaire, André Bouton s’installe comme notaire à Clermont-Ferrand. L’éloignement et le mal du pays l’inciteront à accepter une proposition qui lui est faire de vendre son étude, en juillet 1925.
André Bouton revient au Mans et crée un cabinet d’affaires, spécialisé dans les transactions financières, puis immobilières, qu’il gérera jusqu’à sa mort, les vingt dernières années en association avec ses deux fils, Étienne et Philippe. Cinq enfants naîtront en effet de l’union d’André et d’Étiennette, trois filles, puis deux garçons, de 1924 à 1934.
Parallèlement à ses activités professionnelles, André Bouton se lance dans l’action économique, sociale, et même politique. Il fonde au Mans, en 1928, le comité départemental de la Sarthe de la Fédération des porteurs de valeurs mobilières, puis, en 1932, la Ligue des contribuables de la Sarthe, quelques mois après avoir publié un ouvrage intitulé « La fin des rentiers » dans lequel il retrace l’histoire des fortunes privées, et prône « un capitalisme démocratique par la possession de valeurs mobilières réellement protégées par un statut ». André Bouton milite aussi à la Ligue des familles nombreuses de la Sarthe dont il assure, à partir de 1936, la direction du bulletin.
Membre actif des différentes sociétés savantes locales, André Bouton fréquente les dépôts d’archives, publie le fruit de ses recherches, et notamment deux ouvrages : l’un sur le lieu où il avait été en poste durant la guerre, « Les environs pittoresques d’Alençon : la Butte-Chaumont » (1924) ; l’autre « Les souterrains inconnus du Vieux-Mans » (1936).
Durant l’occupation allemande, André Bouton opposera une stricte fin de non-recevoir aux sollicitations dont il sera l’objet. Après la Libération, il consacrera ses activités extra-professionnelles à la recherche historique sur le Maine, publiant ainsi, fruit de recherches effectuées à bicyclette, en 1947, « Les voies antiques, les grands chemins médiévaux et les routes royales du Haut-Maine », ouvrage couronné, en 1948, par l’Académie des inscriptions et belles lettres. Ce catholique pratiquant publiera, en 1951, en collaboration avec Marius Lepage, vénérable d’une loge à Laval, une « Histoire de la Franc-maçonnerie dans la Mayenne (1756-1951) », suivis de deux ouvrages dédiés à la maçonnerie sarthoise : « Les Francs-maçons manceaux et la Révolution française (1741-1915) », en 1958 ; et « Les luttes ardentes des Francs-maçons manceaux pour l’établissement de la République (1815-1914) », en 1966.
Dans le même temps, André Bouton s’était lancé dans ce qui restera son œuvre majeure, la publication d’une histoire économique et sociale du Maine, depuis l’Antiquité jusqu’au milieu du XIXème siècle, faisant sa juste part, à côté des événements politiques, aux phénomènes économiques, sociaux, démographiques, culturels. Le fruit d’un demi-siècle de recherches paraîtra ainsi, entre 1962 et 1976, sous la forme de cinq volumes représentant un total de 3.250 pages, assorti de cartes, index et références : « Le Maine, histoire économique et sociale » : les temps antiques (tome 1) ; le Moyen Âge (tome 2) ; les XIVème, XVème et XVIème siècles (tome 3); les XVIIème et XVIIIème siècles (tome 4) ; le XIXème siècle (tome 5). L’ensemble sera couronné, en 1976, par le prix René Petiet décerné par l’Académie française.
Admis à la Société d’Agriculture, Sciences et Arts de la Sarthe en octobre 1927, y publiant son premier article en 1930, vice-président en décembre 1944, André Bouton sera élu président en janvier 1957, succédant au docteur Delaunay. Assisté notamment par Fernand Letessier, secrétaire général, il modernise les statuts, s’efforce d’élargir l’audience de la société par un important recrutement, trouve des conférenciers pour les séances mensuelles, organise des visites de sites (sites historiques, mais aussi entreprises et usines), rédige des notices inédites pour les volumes de mémoires, étoffe les volumes annuels et les bulletins mensuels, encourage les jeunes chercheurs... André Bouton ne sollicitera pas le renouvellement de son mandat de président en janvier 1974, étant alors élu président honoraire. Il anima aussi la vie culturelle de la Sarthe en prononçant des conférences et publiant volontiers, lorsqu’il était sollicité, diverses notices historiques dans la presse générale (« Le Maine libre » ; « Ouest-France ») ou spécialisée (« La Revue historique et archéologique du Maine »; « La Province du Maine » ; « La Vie Mancelle »).
Fait chevalier de la Légion d’honneur au titre du ministère des affaires culturelles par décret du 14 juillet 1963, titulaire de distinctions à titre militaire (croix de guerre, médaille militaire) et civil (officier des palmes académiques), André Bouton est décédé au Mans, le 1er avril 1979, dans sa quatre-vingt-neuvième année.
La mémoire d’André Bouton est entretenue par l’existence, à son nom, d’une allée au Mans (joignant la rue Robert Garnier à l’avenue de Paderborn) et d’un square à Fresnay-sur-Sarthe.
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