Société d'Agriculture Sciences et Arts de la Sarthe

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21- Jean-Baptiste-Denis Bastard de Fontenay

Jean-Baptiste-Denis Bastard de Fontenay

1781

 

par Nathalie du Peyroux-Le Brethon

 

 

     Jean-Baptiste-Denis de Bastard, comte de Fontenay, est né au château de Montreuil-le-Henri (élection de Château-du-Loir) le 16 septembre 1740. Il était le fils aîné de Denis-Charles de Bastard, marquis de Fontenay, qui a été président de la Société d’Agriculture en 1766.

     Son père le destina très jeune à la carrière militaire. Dès que Jean-Baptiste-Denis eut l’âge exigé, il le fit recevoir officier de cavalerie dans le régiment où il servait lui-même : il commandait la compagnie de Dragons-Fontenay. C’était en 1755 ; le fils du marquis de Fontenay avait quinze ans !

     L’année suivante, la guerre éclata entre la France et le roi de Prusse. Le comte de Fontenay fit donc ses premières campagnes sous les yeux de son père. Les traités signés à Paris et à Hubersbourg le 15 février 1763 mirent fin à cette guerre de Sept Ans. Jean-Baptiste-Denis retourna dans sa famille : il avait vingt-deux ans. 

     « A son retour, son père aurait désiré lui faire reprendre le cours de ses études, interrompues par la guerre de 1755, et le replacer sous la direction préceptorale qu’il avait précédemment. Mais le jeune capitaine trouva, avec quelque raison, que quand on avait fait 7 ans la guerre, on devait avoir acquis quelque expérience des hommes et des choses, et que l’instruction des camps valait souvent mieux que celle des écoles. » Henri de Bastard d’Estang.

     En 1770, il épouse Madeleine-Etiennette de Richer de Monthéard, mariage avantageux, la demoiselle étant la fille unique du baron de Monthéard, seigneur de Saint-Jean d’Assé. Et les années qui suivirent ce mariage bénéficiant d’une paix durable, le comte de Fontenay put consacrer du temps à sa famille dans sa maison du Mans, rue Courthardy, qui lui venait de son beau-père. C’est là que naquirent ses deux enfants en 1771 puis 1774, là aussi que mourut son épouse en 1781 âgée de 32 ans.

     Dès 1771 il avait été comme son père membre de la Société d’agriculture des provinces réunies de Touraine, Anjou et Maine dont il fut président en 1781.

 

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     A la mort de son oncle le chevalier de Fontenay en 1787, Jean-Baptiste-Denis de Bastard reprit la jouissance et l’administration du château et des terres de Dobert, à Avoise, continuant les travaux que son oncle avait commencés. Le comte de Fontenay ayant quitté ses fonctions militaires en 1788, nul doute qu’il aurait poursuivi, à l’exemple de son père et de son oncle, les tentatives de progrès agricoles sur ses domaines. C’était en effet un esprit éclairé, cité comme un modèle dans ses terres. Mais la Révolution passa par-là, modifiant sensiblement le cours de sa vie.

    Acquis aux idées nouvelles, Jean-Baptiste-Denis accueille favorablement le nouveau régime, et devient commandant dans la garde nationale au Mans. Estimé de tous, il se soucie non seulement de la sécurité des citoyens mais également du bon approvisionnement en grains de la ville pour les besoins de la population. Il s’oppose farouchement au départ de ses enfants en émigration, sans succès, et reste seul tandis que son fils, sa fille et son gendre partent vers la Belgique. Ce départ va bien sûr lui attirer beaucoup d’ennuis, et en 1793, il figure sur la liste des suspects. Le 23 octobre de la même année, il fait attester par les administrateurs de la Sarthe qu’il est domicilié au Mans, qu’il n’a pas émigré et que ses biens ne sont pas sous séquestre. Mais il ne réussit pas à radier ses enfants de la liste des émigrés et doit donc abandonner à la République les deux tiers de ses propriétés.

 

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    C’est à partir de cette époque que le comte de Fontenay prend franchement ses distances avec l’administration et se rapproche des Chouans. Sans avoir jamais rejoint l’armée vendéenne, il la soutient et lui apporte son aide occasionnellement. Dans un rapport du 5 vendémiaire an VI (26 septembre 1797), le commissaire de Chantenay écrit : « Depuis quelques temps, dans la commune de Fontenay, des rassemblements sont composés de ci-devant chefs de chouans dont plusieurs inconnus. […] Je sais en outre qu’il s’en est formé plusieurs au château de Dobert, commune d’Avoise, canton de Parcé, appartenant au nommé Bastard Fontenay… »

      Les patriotes profitent de la réaction fructidorienne et des soupçons portés sur le comte de Fontenay pour le faire arrêter « dans sa maison du Mans, d’où, les mains liées comme un criminel, il fut conduit à Paris et jeté en arrivant dans les prisons du département de la Seine. Le comte de Fontenay, dont la santé était déjà gravement altérée, ne tarda pas à y tomber malade…» Henri de Bastard d’Estang.

C’est là qu’il meurt le 20 mai 1798.

 

 

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     « Le portrait du comte de Fontenay fait partie de ceux de la galerie de Dobert. Il est en uniforme de lieutenant-colonel de Dragons, c’est-à-dire en habit vert à revers et paremens (sic) jaunes, épaulettes d’or. Un autre portrait au pastel le représente en costume de ville. » Henri de Bastard d’Estang.

 

                                                                                  

 



13/10/2016
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